Un réveil plutôt difficile [Libre]

Yuki l'avait plaquée contre son lit, elle pleurait, elle avait mal, terriblement mal. Il ne voulait pas comprendre, il s'imposait à elle alors qu'elle voulait être libre. Elle l'était la plupart du temps, mais il avait reprit le dessus. Elle avait peu dormi de la nuit, elle avait mené un véritable combat contre cet être qu'elle aimait mais qui l'étouffait. Il se sentait menacé, elle le tuait petit à petit mais ce n'était pas encore ça. Et la nuit, dans sa faiblesse, quand elle était décontractée et fatiguée, quand le poids de la journée et la douceur de son lit était sur le point de la mener au pays des merveilles, c'était le moment le plus propice pour réapparaitre à ses yeux.Ce n'était pas un rêve, elle le vivait, physiquement, elle n'était ni elle ni lui, elle était elle et lui. Il devenait plus qu'une image, elle se transformait en une ombre. La violence, il ne l'avait jamais utilisé avant ce soir, jamais. Mais c'était différent. Elle savait, Naema connaissait toute la vérité sur Yuki, qui il était ce qu'il était. Il n'avait aucun secret pour elle, évidemment, il était elle, sans l'être vraiment tout à fait.
Elle reçut ses coups, un observateur extérieur aurait dit qu'elle se les donnait, elle se cogna la tête contre le rebord de son lit, une fois, deux fois, trois fois. Elle se griffa jusqu'à en saigner. Pourtant elle se tut, pas un cris ne sortit de sa bouche alors que Yuki la torturait par sa violence.
Yuki avait peur, il ne voulait pas l'abandonner, il ne voulait pas qu'elle l'abandonne, le laisse sur le bord de la route en le remerciant comme on laisse un chien avant de partir en vacance. Elle était à lui et il était à elle, il en avait toujours était ainsi. Des âmes soeurs naturelles, plus que des âmes sœurs, ils étaient un. Une seule et unique personne dans deux corps différents, ou deux personnes différentes dans un seul et même corps. Leur relation est complexe n'est ce pas?
Elle finit par plongée dans un sommeil profond, mouvementé bien que son corps soit à l'agonie par la violence qu'elle s'était auto administrée. Elle était incapable de bouger le moindre pouce et resta allongée sur le dos en se réveillant toutes les demi heures en sueurs. Chaque centimètre carré entre son visage et son ventre la brulait, la piquait, lui faisait mal. Toutefois la fatigue l'emporta, elle avait besoin de dormir, elle verrait ses blessure plus tard, après, après cette nuit.

Le réveil fut difficile, pourtant elle se leva bien après l'heure ou devait commencé son cours. Oui elle sécha, c'était assez inhabituelle de sa part, mais avait elle le choix. Elle avait dormi seulement un peu plus de deux heures et tout le haut de son corps lui semblait enflé, presque paralysé par les bleus et les égratignures. Rien de bien profond, seulement si répétitif que les hématomes couvrait la partie supérieur de son corps. Du sang séché empêchait tout mouvement de son visage.
Elle laissa ses jambes fines et forte l'emmener dans la salle de bain, elle fit couler de l'eau chaude dans la baignoire, se déshabilla et s'y plongea. Elle ne fit pas d'autre mouvement, elle mit sa tête sous l'eau pour laver son visage. Bien sur ce n'était pas aussi efficace que savonner, et pire, le chaud réactivait les saignements. Mais elle avait besoin de se détendre, de faire oublier à son corps ce qu'elle venait de lui faire subir, enfin ce que son ami Yuki venait de lui faire subir.
Elle le maudit intérieurement, mais ça n'avait pas de sens, il était elle, elle était lui. Ils étaient indissociables. Il n'était qu'une part de sa maladie, une image qu'elle lui renvoyait, elle en avait conscience évidement. Ainsi voici ce qui arrivait quand on luttait contre ce trouble disassociatif. Elle poussait sa maladie à bout, elle le voyait, ça commençait à être dangereux, son esprit se rebellait et ça se reflétait dans ses crises. Pourtant, elle savait que c'était là la bonne voie. Yuki luttait pour s'accrocher à Naema.

Quand l'eau eut prise la couleur rouge de son sang,elle sortit de la baignoire et s'affaira à soigner son visage, elles étaient toutes superficielle, mais ca saigne beaucoup le visage. Elle s'essuya le visage, désinfecta les plaies et ne prit même pas la peine de se sécher. Elle coiffa ses longs cheveux et les sécha, eux seulement.
Elle s'habilla d'une robe légère et d'un gilet pour couvrir les blessures et les bleus de ses bras. Elle mit un petit chapeau aussi, pour cacher ses tempes égratigné. Elle avait les yeux tirés et fatigué, un hématome sur la joue gauche, les lèvres fendues.

Elle sortit ainsi, il était presque onze heure, elle se dirigea vers Hishigawa, instinctivement, elle n'avait pas l'intention d'y aller. Ce n'était pas qu'elle état malade qui l’empêchait d'y aller, non, elle aurait pu profité de cette excuse. Mais elle ne le voulait pas, c'était pourquoi elle s'était retenue de crier cette nuit malgré la douleur que sa folie infligea. Se retrouver en hôpital psychiatrique? Elle le refuserait, elle était sur le point de s'en sortir, cette nuit lui avait prouver. Bien sur elle aimait Yuki, et ne voulait pas le tuer, mais, si il continuait ainsi, il ne lui laisserait pas le choix. Elle ferait son deuil, comme toute personne perdant son meilleur ami, son frère, son jumeau.

Elle se retrouva auprès de l'English Coffee, le bar aimer des élèves du prestigieux lycée qu'elle fréquentait. Il y avait très peu de monde, un jeune homme dont la voix fit trembler notre jeune fille. Il hurlait de colère sur le pauvre serveur. Elle n'était pas en état de s'en indigné, elle avait faim et avait besoin de quelque chose pour tenir debout. Un café, un expresso bien fort qui la tiendrait éveillée.

Elle s'approcha de la porte et ouvrit la bouche pour demander son café, mais rien ne sortit de sa bouche, pas un mot, pas un son. Si, un sanglot. Elle pleurait, elle avait mal, elle était fatigué, mais pire, la violence de son double l'avait profondément blesser, elle ne s'y attendait pas, elle ne voulait pas être séparée de lui. Cette vérité la frappa tandis qu'elle se tenait là, immobile face à la porte ou avait disparu le vendeur et au côté du garçon qui avait fait un scandale pour une banale petite histoire de café.
Elle n'y fit pas attention, mais c'était un dai qu'elle avait déjà croisé dans les couloirs d'Hishigawa. Sa réputation de folle dingue n'avait pas échappée à ce groupe évidemment. Et après cette nuit, elle ne pouvait leur donné tord. Mais elle n'y fit pas gaffe.
Un besoin pressant de présence humaine, de chaleur humaine, la fit se baisser pour s'effondrer sur l'épaule du jeune homme, aussi incroyable cela puisse t'il paraitre, une fille pleurant sur l'épaule d'un Dai peu courant. D'autant plus qu'il ne s'agissait ni de n'importe quelle fille, ni de n'importe quel Dai. Elle s'était écroulée sur son épaule incapable d'arrêter ses maudites larmes que son corps produisait abondamment.

[HJ : Desolée pour le retard!! Pardon vraiment, j'ai honte! Euh je suis pas sur que le violet sois lisible, si t'as des problèmes, dis moi, je changerais la couleur.]

C'était là une bien étrange image au plein milieux d'une terrasse de café, certes vide mais en plein milieux d'une rue tout de même. Bien rarement on trouve une jeune fille effondrée sur l'épaule la moins accueillante qui soit puisque celle d'un Dai. Mais les larmes de Naema lui brouillait l'esprit plus même que sa vue . Elle n'accorda pas le moindre intérêt à qui appartenait l'épaule. Ses larmes coulèrent sur la belle chemise du jeune homme. Elle sentait son parfum agréable en reniflant discrètement pour tenter de calmer ses sanglots. Mais c'était si dur.

Si elle ne s'était pas trouvée dehors, à pleurer sur l'épaule d'une quelconque personne, elle aurait certainement parler dans ses pleurs. Elle aurait prononcer le nom de Yuki, cet ami qu'elle seule connait et certainement se serait elle plaint des coups qu'il lui a donné, sans doute aurait elle craint son abandon tout en le planifiant. Quelle étrangeté, aimer une vision, une inexistante entité qui faisait partie d'elle même. Une partie qu'elle cherchait à tué comme un virus ou un microbe qui se serait répandu en elle. Elle pleurait car elle ne savait ni que faire, ni comment faire, ni même si elle supporterais d'être séparée de son meilleur ami. Celui ci étant aussi, son plus grand malheur.

Elle sentit son chapeau voler sous un coup du client de l'English Coffee, mais elle ne bougea pas, elle resta en larme sur l'épaule confortable du garçon, ne pensant même pas à regarder de qui il s'agissait. De toute façon, ca n'avait pas tant d'importance tant qu'il ne savait rien de ce qui s'était passé. Elle avait l'habitude qu'on la prenne pour une folle, mais elle ne pouvait surement pas laisser paraitre la vérité,qu'elle était réellement mentalement dérangée.

Il la poussa avec force vers une chaise juste à coté de lui, la jeune fille ne présenta aucune résistance, elle se laissa faire comme un chiffon usagé. Le geste était violent et peu délicat, mais elle ne s'offusqua pas de cette brutalité. Après tout, tout le monde ne supportait pas facilement qu'une inconnu vienne pleurer sur son épaule.
Enfin elle lui était pas autant inconnu qu'elle l'aurait souhaité, en effet en levant la tête elle remarqua que le visage du jeune homme lui était familier. Un barman posa un café sur la table en face du Dai que la demoiselle venait de reconnaitre. Aucun signe ne laissa paraitre qu'elle l'avait reconnu, mais le contraire aurait été bien étonnant. Elle n'était pas barge au point d'oublier le visage de Shintarô Ogawa.
Elle aurait pu tomber sur n'importe quel homme de Tokyo et elle s'était effondré sur lui, le redoutable Dai, le meilleur ami du leader Kiro Kayashima.
Elle resta immobile, elle ne bougea pas, ne chercha pas à fuir. Bien peu de fille serait rester à la table d'un Dai, certainement aurait elle pris leur jambe à leur cou pour ne pas les affronter. Mais Naema n'en avait pas la force. Que risquait elle, Shintaro était seul, c'était le matin, et elle ressemblait déjà à une victime d'une bagarre. Et puis sa réputation de folle alliée jouait aussi un rôle en sa faveur, on ne l'attaquait peu physiquement car elle pouvait être imprévisible.

Il éleva la voix, lui affirmant qu'il n'était pas là pour lui sécher ses larmes. Bien certainement, il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui tombe sur les bras, c'est comme même bien peu courant. Quand on va dans un bar, on vient pour boire, un café ou autre chose, mais certainement pas pour se trouver affubler d'une fille en pleurs dans vos bras musclés. Certainement tout autre homme aurait réagit avec plus de compassion, mais peut on demander à un Dai d'éprouver de la compassion pour une fille, d'autant plus quand celle ci est légèrement cinglée.

Il se stoppa en la fixant. Elle sentait son regard sur son visage boursouflé par les coups qu'elle avait reçu pendant la nuit, sur ses lèvres fendues et ses yeux certainement rouges et gonflés par les pleurs qu'elle venait de verser. Son regard à elle se posa sur la lèvre inférieur de son interlocuteur qui ne tarda pas à se séparer de sa jumelle pour murmurer de façon tout a fait audible dans le calme de la rue.
« -Encore plus folle que je le pensais! »

Elle ne fit pas attention à cette remarque, elle savait parfaitement ce qu'on pensait d'elle. Et puis c'était la vérité, même si l'entendre de la bouche d'un autre était toujours plus blessant que par soi même. Dans la bouche d'une personne extérieur, c'était comme le constat qu'elle devait finir sa vie dans un hôpital psychiatrique, c'était un diagnostique au remède bien établi, l'asile. Naema, aussi troublée soit elle, était toujours parvenue à cacher la profondeur de sa folie. Jamais un adulte n'avait perçu plus que de la douce folie qui caractérisait la jeunesse ou une jeune fille un peu atypique. Jamais l'ombre de Yuki ne sauta aux yeux de ses parents, jamais ses absences mentales ou ses sauts d'humeurs n'alertèrent ses professeurs ou son médecin. Ce n'est pas la jeune fille qui allait se plaindre d'un tel manque d'attention et de perspicacité. Elle l'avait caché du mieux qu'elle pouvait, mais sa maladie était forte. Reste à déterminer qui des deux était la plus forte.

Le jeune homme eut un geste qui marqua sur le visage de Naema de la surprise. Il lui tendit son café en lui disant de le prendre, puis il lui demanda comment elle s'était fait ça. La question était inéluctable évidemment, la jeune lycéenne s'y était attendue. Le problème était que répondre, elle ne pouvait évidement pas parler de Yuki et de quoi que ce soit qui évoque sa folie. En fait, Naema pensait à se taire, à ne pas répondre, mais n'était ce pas encore plus suspect. Beaucoup de fille battue se taisait, mais elle faisait des efforts pour cacher les coups. L'étudiante remercia timidement le dai avant de boire une gorgée du chaud café en réfléchissant à toute vitesse a quelque chose de plausible mais que le jeune homme ne pourrait pas vérifier.

Elle reposa la tasse doucement, et baissa le regard. Elle n'aimait pas donner la satisfaction au gens de penser qu'il ne se trompait pas sur elle. Elle était troublé car sans doute avait il déjà deviné ce qui s'était passé, sans doute demandait il ca que pour se conforter. Sans doute savait il déjà qu'elle allait mentir, que ce long silence, que boire son café n'était qu'un prétexte pour se donner le temps de réfléchir. Pas tout a fait, elle avait vraiment soif et besoin de café. Elle devait avoir l'air sur d'elle, ne pas hésiter, être sincère dans son mensonge.
« - Je me suis battue avec mon cousin, il m'a brulé un tableau de cinq papillons...et des rare et... ca m'as mise hors de moi, mais il est plus fort que moi, il fait de la boxe! Alors bon, maintenant je ressemble à une folle furieuse. » Elle eut un petit sourire, encore crispé par les pleurs, comme si ce n'était rien de vraiment important, comme si c'était banal. C'était presque vrai cette histoire, sauf que ca s'était passé il y a dix ans maintenant et que, ils s'étaient battus très gentiment alors et qu'elle n'avait pas été blessé par ses coup, à part un bleu sur l'épaule.

Elle reporta son regard sur Shintaro comme sa tasse à ses lèvres. Il y avait tout de même une faille à tout ca, quelque chose que cette histoire omettait. Ses pleurs, car ce n'est pas la douleur physique qui en était la source. Mais elle n'ajouta rien, préférant le liquide qui réchauffait sa gorge dans un délicieux mélange entre douceur et amertume. Elle reposa sa tasse encore une fois sur la table puis après un instant de silence ou elle le fixa avec un peu trop d'insistance certainement elle dit calmement.

« -Tu ne me crois pas, n'est ce pas? Qui croirait la moindre phrase de ce que dit la folle d'Hishigawa? »
Oui, une demoiselle à l'esprit dérangée peut aussi être lucide et intelligente, plus souvent qu'on ne l'imagine.