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 | | Sujet: Say loud (pv. Serena) Mar 12 Avr - 19:46 | |
| « Say loud
(Uh huh, uh huh, uh huh)
We'd love to love to love ya' »
J'ai cette chanson dans la tête, qui repasse en boucle depuis des heures à l'intérieur de moi, je ne sais pas pourquoi. On ne peut pas dire que je l'adore non plus, c'est juste qu'elle me remonte le moral. Et c'est avec elle que je vais passer la porte de cette chambre, une chambre comme toutes les autres d'Ishigawa, je pense. Elles ne doivent pas être très différentes, mais celle-ci est la mienne, alors forcément, je me pose différentes questions ; comment sera-t-elle disposée, avec combien de personnes vais-je la partager ? Car oui, dire que c'était ma chambre était faux, et heureusement d'ailleurs, car je crois que j'aurais fini en dépression si j'avais été seule dans cet endroit que je ne connais pas. Quelqu'un a dû me dire, lorsque je suis arrivée, qui allait être avec moi ; si c'est réellement le cas, je ne m'en souviens pas. Peut importe d'ailleurs, puisque je ne connais pas encore cette personne. Son nom m'aurait peut-être un peu avancée, d'accord, mais j'avais l'esprit ailleurs et je n'ai pas vraiment écouté ce que l'on me disait.
Attendez, peut-être serons-nous plus que deux ? Je ne sais pas. J'espère juste que je suis la première à arriver, car je me sentirais vraiment mal à l'aise, je crois, si ce n'étais pas le cas.
Finalement, sans attendre une minute de plus, j'ouvre et pousse la porte.
Je ne fais pas vraiment attention à la pièce ; je remarque juste qu'il y a trois lits, et que nous serons donc trois filles au final, mais peut-être que nous n'arrivons pas toutes le même jour. Je marche droit devant moi, comme aspirée par la fenêtre. Chaque fois que je rentre dans une pièce, c'est plus fort que moi, je dois aller à la fenêtre, me pencher, regarder dehors, sentir l'air frais. Et ce n'est pas vraiment la vue qui m'intéresse, car en général, ce n'est pas vraiment beau. Non, c'est juste l'air je crois, c'est ma façon de m'évader. J'ai besoin de sortir, absolument. Je ne tiendrais jamais enfermée quelque part plus de quelques jours.
Je laisse donc ma valise en plein milieu de la pièce, comme ça, je la laisse simplement tomber. Enfin, valise est un grand mot. C'est un sac en cuir marron, que je porte sur une seule épaule, assez grand pour contenir pas mal de choses mais pas autant qu'une véritable valise, suffisamment pour moi en tout cas. Il faut dire que je n'ai presque rien emporté. Mes vêtements et mes produits de soin, maquillage et toute la clique, des souvenirs des gens que j'ai quitté, mes enceintes et les livres qui me tiennent à cœur - c'est deux dernières choses représentent presque toute ma vie. Tout ce joli bordel tient là-dedans, mais c'est vrai que je n'ai jamais réellement eu de « chez-moi » où me poser jusqu'à présent, de « home sweet home », comme ils disent tous.
Je jette un coup d'œil au sac par terre, qui vient de France je crois. Ma mère a dû le payer une petite fortune, mais elle n'a jamais voulu me dire le prix. Comme j'habitais chez mon père avant, et qu'il est plutôt friqué, je crois qu'elle se sentait mal à l'aise vis-à-vis de l'argent.
Au passage, je remarque le lit le plus éloigné de la porte. J'aime les coins tranquilles et reculés : je veux que ce soit le mien. Je suis une fille un peu spéciale, je n'ai jamais cohabité avec personne, j'ai bien peur que la situation tourne mal parfois. Comment vais-je faire, sans ma solitude ? J'ai besoin de me coucher à des heures impossibles, de lire pendant mes innombrables insomnies, de mettre du métal à fond, de pleurer sur le rebord de la fenêtre la nuit ou encore de passer des heures sous la douche.
Je me demande aussi, et cette pensée me fait du mal, de quelle manière je vais pouvoir aligner les cicatrices sur mon corps ici, avec tous ces gens tout autour. J'espère ne pas avoir à le refaire, mais ce n'est pas quelque chose que je contrôle vraiment.
Je ferme les yeux. Je ne veux pas penser à cela maintenant.
J'ouvre la fenêtre et respire un grand coup. J'oublie l'odeur du sang qui habitait mon esprit jusqu'à présent, et je m'assois sur le rebord extérieur, les pieds dans le vide. Je mets mes écouteurs et opte pour the GazettE, je laisse défiler leurs chansons.
Et j'oublie aussi que j'ai laissé la porte entrouverte, sans même penser à la fermer. C'est un bruit qui me fait enlever mes écouteurs en sursaut, et je me retourne pour découvrir une autre fille sur le pas de la porte. Je repasse du bon côté de la fenêtre et avance avec un petit sourire jusqu'à elle.
«- Tu es dans cette chambre aussi, je suppose ? »
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